1 juillet : Santa Anna Di Valdieri au refugio Livio Bianco (7 km ; +900m)
Après avoir pique-niqué à notre point de départ, Santa Anna di Valdieri, nous partons fringant vers 13h. La montée est régulière, d’abord en forêt, puis nous débouchons sur une vallée glaciaire où s’égrènent des cabanes d’alpage… et des lys orangé qui flashent sur la végétation luxuriante dopée par la météo printanière humide et neigeuse. Des lys martagon plus discrets commencent à fleurir. Au fond le refuge trône sur le verrou glaciaire et son lac juste derrière. Le temps est couvert et nous prenons nos marques au refuge. Comme chaque soir un accueil très sympathique et un diner copieux. C’est bien sûr aussi l’occasion aux participants de mieux faire connaissance…
2 juillet : Du refuge Livio Bianco au refugio Emilio Questa (16 km ; +1 300m – 800m)
La journée sera belle mais avec une bonne pluie fin de journée. On admire déjà le panorama du refuge avec son lac niché dans un cirque. La montée se fait sur un bon sentier « à l’italienne » bien pavé et souvent avec mur de soutènement. A mi-chemin, un torrent tumultueux pose problème de franchissement à un groupe. Mais nous avons un itinéraire plus ambitieux par le Colle Della Valletta puis celui de la Paur (« la peur ») à presque 2 900m afin de profiter d’un maximum de lacs. Nous mangeons au pied du névé final. La pose des crampons est assez longue compte-tenu de notre expérience limitée pour la plupart. Richard paie de sa personne pour nous montrer l’utilisation du piolet. Finalement cette montée s’avère assez facile et peu après le col dans la descente nous enlevons les crampons. Les lacs plus ou moins gelés s’enchainent mais nous restons émerveillés de leur diversité et beauté. La faune est également très présente : bouquetins paisibles (des éterlous) et des chamois notamment un groupe important que l’on surprend au détour d’un virage. Dans les jours qui suivent nous croiserons aussi des éterlous et des chamois passant tranquillement sur le chemin… Plus loin le sentier devient très large et pavé avec minutie : c’est le sentier du roi (Victor Emmanuel). Une pause un peu plus longue au Lago Di Valscura et une montée finale où la pluie nous accompagne au Refugio Questa. Une étape longue mais sur du bon sentier sans trop de difficultés finalement…
3 juillet : Du refugio Emilio Questa au refugio Franco Remondino (12 km ; +1050m - 950m)
La journée se passera sous un temps couvert avec une visibilité variable mais plutôt faible mais finalement sans pluie notable. Cela donne une ambiance très différente de la veille. Les troncs d’arbres morts deviennent des personnages fantastiques. Des bouquetins, gros mâles cette fois, se découpent sur une crête abrupte avec quelques mélèzes en zone de combat, et les roches… Car nous ne sommes plus dans notre calcaire bas-alpin mais dans du granitique et métamorphique : De gros blocs rouge flambé me font penser à des bonbons au caramel, des pierres avec des dessins bicolores rappellent à l’une le Jacquard de sa grand-mère, les parois verticales de la montagne deviennent des façades d’immeuble pour d’autres. Les lacs prennent un air mystérieux sorte d’aquarelles où se mélangent le bleu de l’eau, le blanc de la neige et l’ocre du sable saharien et le rouge des algues. Ce cheminement nous emmène ainsi au Colle Del Valasco puis en descente au refugio Regina Elena dans la vallée où nous mangeons rapidement. Une bonne montée finale au refugio Remondino en point de mire perché tel une lamasserie tibétaine. Nous y arrivons vers 15H. Après une étape humide cela s’apprécie surtout qu’il est spacieux et peu fréquenté. Le poêle est tout de suite plébiscité… Par contre nous ne verrons pas de douche (comme tous les autres jours).
4 juillet : Du refugio Franco Remondino au refugio Morelli (11 km ; +1050m – 1200m)
La météo est excellente et la journée commence par le ballet d’un héliportage au refuge. Mais très vite la montée dans le rocher nous mène au pied d’un névé qui remonte jusqu’au Passo Di Brocan à 2 892m. Nous mettons nos crampons plus rapidement cette fois. Richard étudie 2 options de trajectoire… Son choix sera bon et dans la glace encore dure du matin nous montons lentement mais sans trop de difficultés jusqu’au col. Mais la descente nous attend avec un gros névé. La neige s’est ramollie et les petits crampons de certains sont un peu moins efficaces. Au début pas trop de soucis car un replat légèrement dessous peut servir de réception tel l’arrivée d’un toboggan en cas de glissade. Beaucoup d’ailleurs glisseront involontairement et atterriront sans encombre sur ce replat. L’une d’entre-nous fera même la descente en glissade volontairement. Mais plus loin pas question de glisser : le névé se finit en couloir beaucoup plus bas. Richard fait une trace bien marquée et chacun suit à son rythme et selon son matériel et son feeling, concentré, accentuant les traces afin d’avoir la meilleure stabilité possible. Tout le monde passe ce long travers et petit à petit le névé cède la place aux rochers. Au fond, près de 1 000m plus bas, le lac artificiel nous attend. Mais la descente s’avère malaisée dans des blocs en tout sens et un sentier qui contourne beaucoup. En tout 3 heures de descente avant d’arriver au lac où nous mangeons en prenant notre temps pour récupérer de nos émotions et de nos efforts. Deux d’entre nous se baignent « l’eau est bonne » dixit les 2 baigneurs. Puis nous repartons en longeant le lac naturel puis l’artificiel. On passe sur le barrage puis on attaque une montée raide mais sur un bon sentier. Un bon air frais montant de la vallée vient opportunément nous rafraichir et nous aider à atteindre le Passo Del Chiapous. Une petite redescente vers le refugio Morelli, tenu par un artiste qui a parsemé le sentier autour du refuge de land art et qui est également facteur d’accordéon. Une ambiance sympathique dans ce refuge qui de l’avis général sera le meilleur du séjour, même si les autres n’ont pas démérité. Il a d’autant plus été apprécié que cette journée s’est avérée, de l’avis de tous, la plus difficile physiquement et émotionnellement.
5 juillet : Du refugio Morelli aux thermes de Valdieri (6 km ; -1000m)
Pour ce dernier matin, nous partons un peu plus tard. On profite du spectacle de la mer de nuage qui enveloppe la vallée en dessous. L’étape est courte et uniquement en descente. Le rocher et la pelouse font progressivement place au mélézin puis à la hêtraie. A un replat, la vue sur le massif de l’Argentera est majestueuse. Un point rouge s’avère être un bivouac pour les adeptes du ski-montagne (ski extrême) qui font le couloir Nord Lourousa. Mais de notre replat, outre un petit lac limpide, des plaques commémoratives des jeunes qui ont perdu la vie dans ce couloir en vivant leur passion nous rappellent le tribut que certains ont payé. Un moment plein d’émotion. Puis nous repartons pour arriver aux thermes de Valdieri, qui est aussi le terme de ce périple. Le car nous attend. Nous le remplissons avec quelques mamys fort sympathiques qui ne semblent pas être incommodées par nos effluves sans doute un peu emboucanées alors que ces dames sortent du spa thermal. Nous pique niquons à Santa Anna où nous avons retrouvé nos voitures. Une visite touristique rapide d’Entracque, joli petit village au pied du barrage vu la veille. A cette heure de la mi-journée il est un peu endormi. Puis nous rentrons vers la France non sans s’être arrêté à la caséificio Vallestura de Demonte pour quelques achats de nourritures terrestres et surtout pour déguster une fameuse glace italienne dont on a rêvé pendant toute notre randonnée.
Bravo au groupe pour avoir su rester solidaire et être attentif aux uns et aux autres malgré les différences d’expérience et de conditions physiques.
Un TRES TRES GRAND MERCI à Richard pour avoir organisé ce périple italien. Chapeau pour ton organisation, les infos distillées au fur et à mesure et ton calme olympien qui nous a donné confiance. Cette randonnée restera bien gravée dans un coin de notre tête.
Jean-Pierre Mary avec l’aide du groupe
Richard BONNET
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